lundi 20 août 2007

Dans la Langue de Molière


Il existe un petit Dieu
Hommage à Vicente Huidobro (1893-1948)
Por Jaime Serey

Il existe un petit dieu,
Poète de la vérité et de la fausseté.
Conteur de milles aventures,
Fugaces et accomplies.
Il existe un petit dieu,
Chasseur aussi.
Magicien génial qui fait apparaître,
Sur les chemins de la vie et de la mort,
Des théories originales.
Il existe un petit dieu,
Poète, inventeur et passionné,
Qui vit pleinement heureux,
Lançant à qui mieux-mieux,
Des projectiles d’amour et de douleurs.


Maux à Mots
Por Jaime Serey

Mes mots, je les connaissais bien avant ma naissance.
Je joue avec depuis l’âge de 13 ans.
Comme la perspective, ils ont fait leur apparition,
Évoluant d’un dessin d’enfant en un signe magistral.
Mes mots sont aimés des muets,
De ma voisine, de mon village,
Ils ont découvert la forêt et ses yeux verts,
Flottés sur l’eau, escaladés les montagnes
Et reposés leurs accents dans les rivières
Tumultueuses et profondes de la vie.
Mes mots sont comme un ballon,
Ils s’enflent et se désenflent,
Se lèvent et rebondissent à travers la planète,
Avant d’aller se perdre dans le néant.
Mes mots, je les soutiens dans l’espace,
Je leur donne une totale indépendance,
À eux de se faire aimer et réciter
Ou de finir vagabonds.


Dans le Creux de mes Mains
Por Jaime Serey

Dieu place dans le creux de mes mains,
Semences, racines et tuberculeuses.
La mousse odorante et verte vient s’agripper
Le long des murs de briques.
Mon père me disait enfant
Que l’hiver avait la force de mille chasseurs
Et le tir d’un seul fusil Mais qu’il devenait doux et docile
Lorsque la tristesse et la mélancolie le pénétraient.
À Olmúe, l’hiver joue dans le verger embrumé
Entre les orangers et les iris bleus…


La Jeune Fille Ardente
Por Jaime Serey

Ses pétales se brûlent, mais en son centre,
Se trouve tout son humidité
Un liquide transparent
Blanc comme le lait d’un mammifère.
C’est là, tout le secret qui,
Du plus profond d’elle,
L’amène à participer à l’extase !
Le toucher et la tendresse jouent avec elle :
L’effleurant, la pénétrant et la berçant
Vers son orifice satiné et soyeux.
La jeune fille ardente,
Aux formes de poupée russe,
Danse dans les bras de son homme,
Tout en balançant doucement sa ceinture.
Elle est belle… illuminée… puissante…
Son corps réagit à la douce magie de l’orgasme,
L’amenant le rire, la félicité
Et les baisers de l’éternelle jeunesse…
Délicieuse, salée et animale…


Autoportrait
Por Jaime Serey

Je suis poète.
Je ne suis qu’un reste à peine un silence venu du Sud.
Et pourtant, je meurs…
La vie n’est qu’une respiration
Qui se coupe et qui s’agrippe à la terre,
Comme les racines du lierre.
Quand je suis triste
Et que je ne veux plus rien savoir d’elle,
J’arrête de respirer et lui ferme mes paupières au nez.
Je suis poète donc,
Et, dans cette matinée incertaine,
Tout le monde passera me voir… pensif…
Et repartira, sachant qu’un jour viendra
À leur tour, où leurs proches leur offriront
Ces ridicules couronnes de fleurs…

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